jeudi 17 octobre 2013

THE WRONG MANS, OU LA STYLISATION À L'ANGLAISE

Après "Utopia", les anglais récidivent cette année avec "The Wrong Mans". Si l'exercice de style n'est pas aussi abouti, il confirme en tout cas la tendance à travers un pastiche séduisant.















Il y a un temps pour tout. Il me faut maintenant tourner la page de la Cuckoo's Nest factory et la trahison de Michael, mon supposé ami. Priorité pour commencer, ranger le transat au garage pour protéger ce fidèle compagnon sériephile du rude hiver qui s’annonce. Cela me prend cinq bonnes minutes. Le temps gris et maussade ne pousse pas à s’enticher d’une nouvelle sitcom à la photographie surchauffée. Non. Aujourd’hui, j’ai l’esprit brumeux des Îles Britanniques. 

Les anglais ont démontré tout leur talent dans l’exercice stylistique l’an passé avec Utopia. Il y a un peu de cet esprit dans The Wrong Mans, comedy-drama de la rentrée britannique, diffusé sur la BBC Two depuis fin septembre. Risqué mais plaisant, The Wrong Mans a des similitudes avec sa grande sœur : conspiration, bande son, réalisation et montage stylisés. La grande différence, c’est que TWM pastiche le genre. Les deux acteurs/créateurs, James Corden et Mathew Baynton se sont inspirés de la série 24 et de Burn After Reading, la comédie noire des frères Cohen.

Un monde en décalage


La qualité de la série réside dans l’écart qui se crée entre un monde normal et quelque chose d’autre, quelque chose de surréel. Ce léger glissement est permis par la gaucherie des personnages, mais aussi la réalisation. Il y a notamment la mise en scène de l’accident de voiture au début du pilote, étrange de silence. La photographie très soignée donne une impression de studio et participe activement à cette perception d’un monde superficiel. L’effet comique devient assuré par l’oppression presque kafkaïenne exercée sur ces deux personnages qui ne rêvent que d’exister enfin dans un monde en décalage où, comme dans le nôtre, les trentenaires losers sont méprisés par la communauté.

The Wrong Mans est prometteur. Le risque tient au sujet de la conspiration, sujet maintes et maintes fois abordé, qui peut facilement dégénérer et faire perdre de sa crédibilité à un exercice de style pour le moment réussi et agréable. 

Comme tout amateur de conspiration, la suspicion s’installe dans mes veines après la diffusion d’un programme sur le sujet. Alors, lorsque l’allumage automatique de l’allée s’enclenche et que la chaîne Hifi se met en marche d’elle-même dans le living room, l’instinct de survie ordonne au courage de faire son boulot. C’est sans sourciller que je m’empare du 357 Magnum oublié par oncle Bill sous l’oreiller. Guidé par les notes festives de la BO de Tremé - saison 1- je m’approche à pas de chats du sadique sériephile. Le canon pointé sur la nuque, l’intrus se met à trembler. "John ?" me dit-il. Je lui réponds avec aplomb. "Lui-même !". Il se retourne, le visage figé par sa moue d’éternel méfiant. Michael est revenu.

Transatomètre : niveau 3



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